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Prince Joachim Murat : « Les Murat ont pour tradition d’aller se faire tuer pour la France »

Descendant en ligne directe du maréchal Murat, le prince Joachim Murat reçoit L’Incorrect sous les dorures de l’Opéra Garnier, symbole du Second Empire. Cet ancien « Para » a poursuivi la tradition militaire de son ancêtre au Kosovo. Entretien hors du temps.


Les Murat ont donné leur sang durant les deux premières guerres mondiales. Votre grand-père était un résistant. Vous descendez d’un illustre maréchal de France et roi de Naples, est-ce un héritage dur à porter ?

Ce n’est pas du tout un héritage dur à porter. C’est une école d’humilité, un immense privilège, une sorte de philosophie de vie du panache, du refus de la médiocrité. Et un sens des responsabilités. Tout ce qui fait d’ailleurs et résume l’essence du Bonapartisme pour moi. Les Murat ont une espèce de tradition d’aller se faire tuer pour la France depuis le roi Murat lui-même, qui comme vous le savez était le plus grand meneur de la Grande armée, toujours au coeur des pires batailles de l’histoire napoléonienne. Durant la Première Guerre mondiale, les six frères Murat sont partis au front non sans créer un petit émoi à l’époque. Le gouvernement a même tenté à plusieurs reprises de les faire rentrer chez eux alors qu’ils étaient aux côtés des soldats qui se faisaient gazer dans les tranchées. C’est pour cela que vous avez à Paris en plus du boulevard Murat, une place Louis Murat qui est décédé durant la guerre. Mon grand-père, lui, s’est fait tuer dans la Résistance.

Les Murat et les Bonaparte conservent-ils des liens familiaux ?

Charles Bonaparte et mon père sont très amis. Les liens entre nos deux familles sont très profonds. Mon grand-père a combattu aux côtés du prince Louis Napoléon durant la seconde guerre mondiale et, à l’âge de 24 ans, il a donné sa vie pour la France en se faisant tuer lors d’un combat contre la division Das Reich, en 1944. C’est une longue amitié qui se poursuit entre les princes Napoléon et les princes Murat encore aujourd’hui. Jean-Christophe Napoléon travaille à Londres et je ne le vois pas souvent malheureusement. C’est quelqu’un de jeune, brillant, beau, qui présente extrêmement bien, il est pour moi un représentant fabuleux de la famille impériale.

Pourquoi ne s’implique-t-il pas plus que cela dans la vie politique française ?

Il fonde une famille, il a peut-être d’autres impératifs actuellement. Je pense qu’il faut lui poser la question directement. Un prince Murat a été député à l’Assemblée nationale sous la IIIème république.

Si demain, le mouvement France Bonapartiste se structurait en parti politique, peut-on imaginer à nouveau Murat député au palais Bourbon ou au parlement Européen ?

Je suis un soutien de France Bonapartiste et je le revendique. Il n’y a aucune raison qu’un Murat s’empêche de rejoindre la politique s’il voit un mouvement porter les idées auxquelles il est attaché. Pour l’instant, Ce n’est pas le cas.

Et si France Bonapartiste se structure en parti politique, je ne m’interdis rien, même comme candidat indépendant. Imaginons que vous soyez candidat, quelles seraient vos premières propositions ? Revendiquez-vous un positionnement gaulliste ?

Partons déjà d’un postulat clair : je ne suis actuellement pas candidat à quoi que ce soit. Mais si je me devais me mettre dans la peau d’un candidat bonapartiste, au vu de la crise de Covid, ce serait des mesures urgentes à prendre. Premièrement des mesures économiques : Je pense aux nombreux étudiants qui ont des difficultés et auxquelles il faudrait répondre en instaurant des revenus spécifiques pour eux sur le modèle suédois et exercer un contrôle. Car là est tout le problème de cette république, elle ne contrôle absolument rien. Rien n’est préparé pour eux à la sortie de leurs études. Comme pour près de 1000 000 de salariés actuels dans des filières très touchées par la COVID. Il va falloir songer à les reconvertir en passant par des organismes de formations en nous inspirant du Danemark. Mais au-delà de ceci, il y a aussi les PME et les capacités des banques à les aider à surmonter cette crise. Ce sont les accords de Bâle III sur lesquels il faut mettre en place un moratoire car les règles préventives empêchent (à remplacer par: rendent très difficile) tout financement bancaire des PME. Tout ceci nécessite une décentralisation essentielle afin de permettre à tous les acteurs de jouer leurs rôles et plus de syndicats privés, qui seront des équilibres financiers comme des relais et des médiateurs avec le patronat. Naturellement il faut mettre fin à la fraude fiscale et la fraude aux prestations sociale qui ne cessent de croître en passant par la biométrie qui nous ferait économiser des milliards d’euros.

Deuxièmement, la sécurité en France s’est nettement dégradée et je crois que tout le monde l’a constaté. L’augmentation de la délinquance et de la criminalité dont les chiffres ont doublé, sont là pour le démontrer. Et c’est sans compter avec le terrorisme. L’actualité abominable avec ce professeur d’histoire décapité par un fou furieux radicalisé et islamiste, ce pakistanais qui a voulu poignarder des journalistes de Charlie Hebdo sont des personnes qui viennent de la petite délinquance où le radicalisme puise ses racines. Nous avons clairement un problème identitaire, générationnel avec une partie de la population française issue de notre immigration. Le nier est suicidaire. Je vous rappelle que l’ancien Président François Hollande et l’ex-ministre de l’Intérieur Gérard Collomb ont eux-mêmes admis cela et évoqué le fait que nous nous dirigions vers des séparatismes et des sécessions. On ne peut plus laisser faire cela car cela pourrit la vie de tous les français issus de toutes les diversités quelques soient leurs origines. Il est temps d’appliquer la tolérance zéro, mettre un terme à cette culture de l’excuse permanente qui fait consensus au sein de la magistrature, mettre en place des peines planchers et la double peine, c’est-à-dire, incarcération-expulsion avec interdiction de revenir sur le territoire français.

Et enfin dernièrement démocratiques. Il faut plus de démocratie directe. Une proposition des Gilets jaunes et qui est aussi une revendication de 75% des français. On devrait avoir la possibilité d’organiser des référendums locaux et pourquoi pas la création d’une troisième chambre citoyenne qui serait force de propositions sur le modèle de la convention citoyenne sur le climat. Tout ceci est très bonapartiste d’ailleurs. Enfin, nous devons revenir état fort qui qui se consacre sur ses fonctions régaliennes, qui doit faire respecter les valeurs, les lois et les moeurs de la république.

La crise des migrants a nourri les divisions en France et Europe, Le Frexit est-il une nécessité pour conserver notre indépendance et notre identité ?

Je suis pour que la France reprenne sa souveraineté nationale, sachant que l’Europe de Maastricht est une machine technocratique sans âme, mais je ne suis pas en faveur Frexit parce que la sortie de la zone euro serait un coût monstrueux, surtout en situation pandémique et de surendettement. En revanche, renégocier les traités me paraît nécessaire. Il faut protéger notre agriculture et mettre en place du protectionnisme. Mangeons français et arrêtons donc de manger des produits transformés de type « junk food » qui empoisonne nos compatriotes. Et si on devrait sortir de quelque chose, ce serait bien de la cour européenne des droits de l’Homme, parfaitement inutile dans la patrie qui a inventé précisément les Droits de l’Homme. Il n’y a aucune raison que des humanitaires internationaux viennent nous faire la leçon sur la gestion denos prisons ou de nos notre politique migratoire.

En 2021, nous fêterons le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier. Comment voyez-vous les choses ?

Une exposition est prévue au Grand Palais, des conférences un peu partout en France, le retour des cendres du général Gudin le 5 mai à l’Hôtel des invalides qui sera certainement un bel exercice de diplomatie franco-russe. Pour moi l’Empire, c’est avant tout le rappel que la France a été puissante, glorieuse et les Français ont besoin de s’en rappeler. Ces commémorations sont l’occasion d’arrêter de se vautrer dans la repentance dans laquelle nous baignons depuis le président Chirac jusqu’à Emmanuel Macron, où on a remplacé l’ambition par la contrition, où on a appris aux Français à détester leur pays. Cet état d’esprit ne me convient pas et on en voit le résultat aujourd’hui. Il est temps d’inverser ce cycle avec ces festivités. J’ajoute même que je suis favorable aux retours des cendres de Napoléon III, un cas compliqué qui doit se régler entre la France, le Royaume–Uni et le Vatican.

La Vème république est à bout de souffle, menacée par la montée des communautarismes, faut-il un changement de régime ?

Le retour de l’Empire ? Je vais peut-être vous décevoir mais je ne suis pas pour le rétablissement de la monarchie ou de l’empire. Je reste un républicain, partisan d’un Etat fort et décentralisé.

Vous avez soutenu les Gilets jaunes, est-ce toujours le cas aujourd’hui ?

Oui les gilets jaunes de novembre–décembre 2018 avant cet exercice de dé-crédibilisation du mouvement par le gouvernement qui a fait tout ce qu’il a pu pour humilier le mouvement. Et il a réussi. L’idée de réformer notre régime fiscal, devenu ubuesque, est à suivre et permettra de redistribuer la manne financière équitablement dans toute la France. Le président Emmanuel Macron part favori de la prochaine présidentielle, alors que les Français ne le souhaitent pas, comment expliquez-vous ce paradoxe ? Vous avez un problème d’offres politiques aujourd’hui. Tout le monde a pu le voir, que ce soit de droite ou de gauche, ce sera la même politique offerte par Macron. Il faut avouer que nous n’avons malheureusement aucune réelle alternative qui pourrait s’opposer à cette politique maastrichtienne de dévitalisation de la France et à cette logique d’abandon de la France de la part de nos élites au pouvoir.

Seriez-vous prêt à soutenir une candidature à cette occasion ?

Pour le moment non, car aucune ne correspond à un programme fort et de reprise en main de la France.

Récemment, le président Emmanuel Macron a évoqué un projet de loi sur le séparatisme afin d’enrayer l’islamisme en France. Faut-il vraiment plus de place à la langue arabe et encadrer les imams pour stopper ce communautarisme religieux ?

Saluons enfin la prise de conscience d’Emmanuel Macron et du ministre de l’éducation Blanquer qui ont enfin compris de la nécessité de s’attaquer à ce problème qui date tout de même de 1989. Apprendre l’arabe dans l’école de la république ne serait peut-être pas une mauvaise chose car elle permettrait de mieux encadrer cette langue qui permet à certains de l’enseigner hors de notre institution pour mieux endoctriner les jeunes par la suite. Mais je pense quand même qu’il plutôt temps de remettre en cause le versement allocations sociales quand les enfants sont déscolarisés et que les parents choisissent de les mettre dans des écoles spécialisées aux mains de salafistes. Il n’y a pas de raison que l’état continue de financer cela .Il faut cesser les financements turques ou saoudiens) des financements turques ou saoudiens. Pour moi la seule politique qui doit s’appliquer au séparatisme islamiste, c’est celle du maréchal Murat qui se résume ainsi : « Foutez-moi tout ce monde-là dehors »

L’expansionnisme turc est-il une menace pour l’Europe ?

Bien sûr et dans plusieurs sens. D’abord parce que les Turcs financent dans toute l’Europe des associations de Frères musulmans et on l’a encore vu récemment avec les menaces qu’ils font peser dans la méditerranée ou leur ingérence en Azerbaïdjan. Erdogan insulte le président de la République pour des sordides raisons de politique intérieur. A travers lui, c’est la France qu’il insulte. C’est inacceptable. Vous êtes un ami du Grand-duc George Romanov. Une branche de votre famille a même essaimé en Géorgie.

Pour vous la solution passerait-elle par l’Est et par une alliance de la France avec la Russie ?

C’est un homme intelligent qui parle six langues, un très bon ami, le futur chef de la maison impériale. D’ailleurs une partie de la famille Murat est héritière au trône de Mingrélie, la fameuse Colchide de la mythologie, située au bord de la Mer noire. C’est l’intérêt de la France que nos relations soient apaisées avec la Russie, un pays que je connais bien et où il y a un vrai sentiment francophile. Nous devons mettre fin aux sanctions qui sont disproportionnées et qui punissent injustement le peuple russe. Je rappelle que la Russie est une démocratie qu’on le veuille ou non, pas un état salafiste. Il me paraît essentiel, face à la Turquie ou à la Chine, que nous nous rapprochions de la Russie qui reste une puissance énergétique et nucléaire majeure. Il faut justement éviter que les Russes se rapprochent des Chinois parce qu’ils sont fatigués de l’attitude des Européens ou des Américains à leur encontre.

La France ne cesse de citer son voisin en exemple, pourquoi cette fascination pour l’Allemagne ?

Ce qui est incroyable c’est que dans l’Histoire européenne, la France a été supérieure à l’Allemagne jusqu’en 1870. Et pourtant les deux empires ont contribué à créer le sentiment d’unité allemande, je dois bien le reconnaître malgré moi. C’est surtout sous Mitterrand qu’on nous assène l’idée d’amitié franco-allemande alors que l’Allemagne s’en contrefiche et qu’elle s’emploie à nous torpiller depuis. Pire, grâce à l’euro dont la France est l’initiatrice, nous avons co-financé financé la reconstruction infrastructurelle de l’Allemagne à nos dépends. Une erreur de choix de la part de l’équipe gouvernementale qui entourait François Mitterrand. Les élites actuelles ont été nourries avec cette idée d’amitié et développent le réflexe de bons chiens battus. L’Allemagne en vient même aujourd’hui à demander que nous partagions notre siège au conseil de sécurité. Même Donald Trump reproche cette attitude de l’Allemagne vis-à-vis de la France.

propos recueillis par Frederic de Natal